5 idées fausses sur le cancer qu’on entend encore trop souvent

09/04/2025   686  
Dr Fadwa Oudad
5 idées fausses sur le cancer qu’on entend encore trop souvent


Introduction

Malgré les avancées majeures de la recherche en cancérologie et l'accès grandissant à l'information médicale, de nombreuses idées fausses sur le cancer continuent à circuler dans les conversations, sur les réseaux sociaux ou dans certains médias.
Ces croyances, souvent bien ancrées, peuvent provoquer de l’angoisse inutile, pousser à des décisions dangereuses, ou encore nuire à l’adhésion aux traitements.

En tant que cancérologue, il est de notre responsabilité de déconstruire ces mythes avec pédagogie, afin d’accompagner les patients et leurs proches dans un parcours de soin plus serein, basé sur la science et non sur les peurs.

Voici 5 idées fausses sur le cancer qu’on entend encore trop souvent — et ce que la médecine nous apprend vraiment à leur sujet.

 

1. « Le cancer est forcément une maladie mortelle »

Cette idée est l’une des plus angoissantes pour les patients. Or, elle est de plus en plus fausse. Certes, le cancer reste une maladie grave, mais les taux de survie ont considérablement augmenté ces dernières décennies.
Grâce aux progrès de la détection précoce, aux nouvelles générations de traitements (immunothérapie, thérapies ciblées, chirurgie de précision), de nombreux cancers peuvent aujourd’hui être guéris ou transformés en maladie chronique.

Exemple : Le cancer du sein détecté à un stade précoce a un taux de survie à 5 ans supérieur à 90 %. Le cancer de la prostate, souvent diagnostiqué tôt, est également très bien pris en charge.

Ce qu’il faut retenir : Chaque cancer est différent. Il existe de nombreux types, stades et profils moléculaires. Un diagnostic de cancer n’est plus une condamnation, mais le début d’un combat qu’on peut gagner.

 

2. « Le sucre nourrit le cancer, il faut l’éliminer complètement »

C’est un mythe tenace. Il repose sur un phénomène réel : les cellules cancéreuses consomment plus de glucose que les cellules normales (effet Warburg).
Mais cela ne signifie pas que manger du sucre « alimente » la tumeur.

Le glucose est un carburant essentiel pour toutes les cellules du corps, y compris les cellules saines, les globules blancs, les neurones, les muscles.
Supprimer totalement les glucides peut conduire à une dénutrition, une fatigue accrue, et nuire à la tolérance des traitements.

Ce qu’il faut retenir : Ce n’est pas le sucre en lui-même qui est dangereux, mais sa surconsommation régulière dans une alimentation déséquilibrée. Une alimentation équilibrée, même pendant les traitements, peut inclure des glucides.

 

3. « Le stress est la cause principale du cancer »

Le lien entre stress et cancer est souvent évoqué, mais il n’existe aucune preuve scientifique solide démontrant que le stress, à lui seul, provoque l’apparition d’un cancer. Le stress chronique peut affaiblir le système immunitaire et avoir des effets indirects sur la santé (troubles du sommeil, mauvaise alimentation, tabagisme, etc.), mais il n’est pas une cause directe.

Ce qu’il faut retenir : Le stress ne « crée » pas un cancer. Il est important de prendre soin de sa santé mentale pendant la maladie, mais inutile de culpabiliser ou de croire que le cancer est « de notre faute » parce qu’on était stressé.

 

4. « Il ne faut pas opérer une tumeur car cela pourrait la réveiller ou la disséminer »

Ce mythe est profondément ancré dans certaines cultures. Il repose sur une mauvaise compréhension des mécanismes du cancer. La chirurgie reste l’un des traitements les plus efficaces dans de nombreux cas, notamment pour les cancers localisés. Elle permet de retirer la tumeur et parfois d’obtenir une guérison complète.

Aucune preuve sérieuse ne montre que l’acte chirurgical réveille ou propage le cancer. Bien au contraire, ne pas opérer quand cela est indiqué peut permettre à la tumeur de progresser.

Ce qu’il faut retenir : La chirurgie est souvent une étape cruciale dans la prise en charge du cancer. Elle doit être évaluée au cas par cas, par une équipe spécialisée, mais ne doit jamais être refusée par peur infondée.

 

5. « Les traitements anticancer sont toujours pires que la maladie »

De nombreuses personnes redoutent les traitements du cancer — chimiothérapie, radiothérapie, hormonothérapie — à cause des effets secondaires qu’elles associent à de grandes souffrances. Il est vrai que les traitements peuvent provoquer des désagréments temporaires : fatigue, nausées, perte de cheveux, baisse de l’immunité… Mais ces effets sont de mieux en mieux maîtrisés grâce aux progrès de la médecine de support.

De plus, tous les traitements ne provoquent pas les mêmes effets, et certains patients vivent très bien leur traitement. Le rôle de l’équipe médicale est d’adapter la prise en charge à chaque cas, de prévenir les effets indésirables et de préserver au maximum la qualité de vie.

Ce qu’il faut retenir : Ce n’est pas le traitement qui est à craindre, mais le cancer lui-même. Refuser un traitement à cause de la peur des effets secondaires peut mettre sa vie en danger. Il faut en parler avec son oncologue, qui saura rassurer et proposer des solutions adaptées.

 

Conclusion

Le cancer est une maladie complexe, qui touche à l’intime, à l’identité, et provoque souvent une peur légitime. Dans ce contexte, il est normal de chercher des réponses, de vouloir comprendre, voire de s’accrocher à des explications simples.

Mais toutes les informations ne se valent pas. Les idées reçues, même bien intentionnées, peuvent faire du tort. Il est essentiel de s’informer auprès de sources fiables, de poser toutes ses questions à son équipe soignante, et de rester ouvert au dialogue.

L’arme la plus puissante face au cancer n’est pas la peur, ni les croyances : c’est la connaissance, la science et l’accompagnement humain.


Envoyer à un ami
sms viber whatsapp facebook

Découvrez notre application
pour une meilleure expérience !
Google Play
App Store
Huawei AppGallery